Tous les soirs,
Jeanne, secrétaire au commissariat de Marseille, prend le même train et s’installe
toujours à la même place. Un soir, en passant la main sur le côté de son siège,
elle trouve une enveloppe. Poussée par la curiosité, elle découvre une lettre à
l’intérieur. Une lettre qui lui est adressée et signée « Elicius ».
Une correspondance morbide s’instaure alors car Elicius n’est autre qu’un
serial killer sévissant dans la région...
C’est le premier roman de Karine Giebel que je lis. J’ai découvert l’auteur par deux
nouvelles. Sa façon d’écrire est brutale, sans concession, voire violente.
Qu’on se le dise, Terminus
Elicius n’a rien à voir. Certes il est emprunt de suspense car on souhaite
savoir qui est cet assassin et pourquoi il semble si proche de Jeanne, qui n’est
pas très nette non plus.
Sur 250 pages, Giebel se contente de nous faire sentir les
choses sans pour autant se faire professeur ou plutôt psychiatre de ce qu’elle
va décrire. La lecture est donc plaisante dans un décor où le paysage
magnifique des voyages en train vient se confronter à la dureté de la vie des
grandes villes.
Sans être haletant, sans être immersif, le roman se déroule
tranquillement, sans soulever de grandes questions (mise à part celle
concernant le final de cette histoire impossible), sans non plus se lancer dans
des analyses pointues de la folie. Ce n’est pas le but ici. Le but est
simplement de raconter une histoire, de présenter un personnage torturé sans
jamais donner beaucoup d’espoir. On peut donc se prendre d’amitié pour Jeanne
tout en la craignant.
Rien de bien extravagant donc si ce n’est pour les plus gros
bémols de ce livre, à commencer par la manière d’écrire de Giebel. Peut-être
que c’était pour se donner un style mais il y a des façons de faire qui,
justement, ne se font pas en littérature. Comme changer subitement de sujet en
plein milieu d’une phrase et faire parler un personnage pour lui-même. Au départ,
c’est déstabilisant et on comprend vite le procédé puisque le personnage
principal n’est pas net. Ça accentue cette folie. Soit. Mais quand le procédé
est repris pour tous les autres personnages qui eux ne sont pas fous, cela
signifie quoi au juste ? On décroche tous plus ou moins à un moment donné,
nous tournant vers nos propres pensées mais ici, le procédé devient pénible
dans la lecture, m’ayant sorti plus d’une fois de l’histoire, me forçant
parfois à reprendre des passages qui d’un coup devenaient incompréhensibles.
Autre figure de style visant à trancher, hacher le texte,
afin de lui donner une certaine dynamique : l’épitrochasme. Une succession
d’expressions, de mots, simplement posés là sans construction particulière,
sans verbe. De temps en temps, pourquoi pas mais à répétition, la lecture en devient
fatigante et l’histoire perd de son intérêt. Surtout si c’est juste pour
meubler, pour nous faire comprendre ce que l’on a déjà compris depuis le début :
Jeanne est folle et Jeanne s’ennuie dans sa petite vie monotone.
Sans aller jusqu’à dire que Terminius Elicius ne présente aucun intérêt, ce n’est pas non plus
le roman à lire absolument. Les nouvelles du recueil Maîtres du Jeu étaient beaucoup plus palpitantes.