samedi 28 janvier 2017

Sale Gosse (Stephen King)

Sale Gosse (Stephen King)


Georges Hallas est condamné à mort pour avoir assassiné un enfant en pleine rue. Résigné à son sort, lors d’une visite de son avocat, il décide de tout raconter, comment il a vécu avec ce sale gosse avant de décider d’en finir avec lui…

Ce n'est pas non plus la nouvelle du siècle, certes King a écrit mieux dans le genre mais elle reste plaisante, agréable à lire, suscite de l'émotion face à ce sale gosse que l'on a, nous aussi, envie de rosser… être abjecte.

Le plus flippant est sûrement de ne pas savoir qui il est, ni d'où il vient. Une sorte de tâche indélébile dans la vie de tout un chacun, quelque chose que l'on ne peut faire disparaître, que l'on ne peut oublier et qui revient sans cesse.

D’un certain point du vue, cette nouvelle me rappelle Le Singe, avec cet objet inoffensif – ou du moins supposé inoffensif – et qui revient à chaque fois pour martyriser une personne en particulier. Effrayant.

Quand on plonge dans le récit de Stephen King, on ressent cette sensation désagréable, qui colle au corps, ce sale gosse qui est là, nous nargue, nous pourrit la vie, qui disparait et qui revient sans aucune raison apparente, sans que l’on mérite un quelconque châtiment.

Encore une fois, très rapidement, King nous fait plonger au cœur d’une époque, d’un environnement et sait nous mettre à l’aise pour mieux nous surprendre et créer ces sensations étranges et dérangeantes, jusqu’au bout.

vendredi 27 janvier 2017

... Stephen King

Stephen King


C’était un jeudi soir, perdu quelque part dans les années 80, vers la fin. Sur une chaîne est diffusé un film qui allait me faire découvrir un réalisateur et un auteur dans le même temps. Le premier allait devenir un de mes cinéastes préférés ; le second, mon auteur favori. Et je me garderais bien de dire que je suis son fan n°1, formule que je trouve, tout comme lui, effrayante.

Le cinéaste est JohnCarpenter.
L’auteur est StephenKing.
Le film, Christine. L’histoire de cette voiture qui roule toute seule, qui se répare toute seule, qui balance des vieux tubes des années 50 sur son poste et qui se venge si l’on s’en prend à elle ou son propriétaire. Une histoire d’amour impossible et violente, si tant est qu’une histoire d’amour puisse être autre chose. Ce film comporte une réplique qui m’aura marqué. Arnie est venu rendre visite à son pote Dennis cloué sur un lit d’hôpital. Arnie, métamorphosé en caïd alors qu’il était un souffre douleur, lui demande alors : « Ne t’es-tu jamais demandé quel était le rôle des parents ? Peut-être qu’ils ne sont là que pour tuer leurs enfants. »
Je paraphrase mais on peut tordre cette idée dans tous les sens, elle reste impressionnante, violente et gravée.

Christine


Deux jours plus tard, dans les rayonnages d’un grand magasin, je cherche le livre Christine car je veux découvrir cet auteur, bien conscient que je n’aurais pas le même produit entre les mains. Je le trouve et sitôt de retour chez moi que je tombe dans cette histoire, en découvre les différences et sans renier le film et son réalisateur qui produit toujours un excellent travail, je suis sous le charme. Avec cette envie de découvrir d’autres titres.

À époque, il n’y a pas d’internet. L’ordinateur même est un luxe qui ne fait pas partie des prérogatives de mes parents. Ce n’est peut-être pas un mal. On se renseigne en prenant les informations là où elles sont et surtout en laissant aller notre intuition et notre confiance en l’auteur. Ma première source d’informations est bien entendu la première page du livre, celle où s’enchaînent les titres de cet auteur à première vue très prolifique.

Mon deuxième roman de Stephen King est Carrie. Encore une fois sous le charme, je confirme que cet auteur est un grand. Catalogué dans le genre horreur, je trouve que cela va bien plus loin encore. C’est psychologique, profond. King fait vivre nos propres peurs et nous invite à suivre celle des autres. C’est beaucoup plus humain qu’on ne veut bien le croire.


Simetierre


S’enchaîne alors les titres.
Simetierre, une claque car très déstabilisant, morbide, sombre, glauque. Un malaise permanent au long des pages.
Brume – Paranoïa, car j’ai une ancienne édition en deux tomes. Il s’agit d’un recueil de nouvelles et je comprends que King est à l’aise dans les récits aussi bien courts que longs, voire très longs. Si Brume fait partie des recueils qui ont ma préférence, il y a une nouvelle qui m’aura particulièrement dérangé : Le Singe. L’histoire d’un homme revenant sur les traces de son passé pour découvrir un jouet, ce fameux singe aux cymbales que tout enfant a dû avoir un jour chez lui, un peu comme un Kiki qui, lui, traversera un peu mieux le temps. Ces singes avait quelque chose d’effrayant, un peu comme les clowns. Et dans la nouvelle, il l’est plus particulièrement car cet homme a beau s’en débarrasser, le singe revient sans arrêt et d’un coup de cymbales, réveille les pires cauchemars, les pires souvenirs. Rarement je n’avais éprouvé autant d’angoisse devant un texte.

Cujo


Cujo représentera ma première déception. Enfin, « déception » est un bien grand mot. Disons que le roman ne m’aura pas aussi bien enthousiasmé que les autres.

Je ne vais pas refaire toute la bibliographie de King. Très peu de roman m’auront laissé de marbre. À part Cujo et Rose Madder, tout le reste est de haute volée. Un succès qui perdure d’année en année, de titre en titre.

La part des ténèbres


J’ai quand même eut quelques moments de pleine admiration. Devant Misery par exemple qui nous plonge dans une angoisse sans nom. Haletant, on transpire pour cet auteur séquestré par un des personnages les plus terrifiants qu’ait écrit King.
La Part des Ténèbresaussi m’aura laissé un excellent souvenir.
Plus tard, j’ai halluciné sur Sac d’Os. Entre sa description très méticuleuse de la perte d’un être cher et de l’angoisse de la page blanche pour un écrivain, il faut tout de même bien connaître Stephen King pour apprécier tout le génie de cet œuvre. Car pendant près de 500 pages, tout est formidable, tout se passe pour le mieux, rien de bien inquiétant, on s’installe confortablement en regardant plusieurs fois la couverture pour confirmer que c’est Stephen King qui a écrit ce que l’on pourrait presque appeler un conte de fée. En fait, on comprend que c’est pour mieux enfoncer le lecteur dans une déprime sans nom par 100 dernières pages où le cataclysme se déclenche, implacable, cruel, soudain.

Dôme


La dernière fois que j’ai retrouvé cette atmosphère d’euphorie en lisant King, c’était pour Dôme. J’ai commencé à regarder la série diffusée à la télé. Et s’il y a une chose indéniable que l’on doit ressentir lorsqu’on se pose devant une adaptation de King, c’est justement cette ombre de l’auteur qui plane au dessus de l’œuvre. Il est omniprésent. L’ambiance doit être particulière, lourde et légère à la fois, un peu délurée peut-être. Hors, ici, je ne ressentais rien de tout cela. Pire, je me disais que jamais King aurait traité ses personnages de la sorte. Quelque chose n’allait pas. J’étais devant une série lambda qui répondait aux codes traditionnels de la série de merde comme les studios savent si bien en produire pour satisfaire le plus large public. Incapable d’admettre que King soit tombé aussi bas, j’ai stoppé toute lecture pour ouvrir Dôme et me rassurer. Si j’ai été soulagé de voir que la plume de l’auteur n’était pas devenue aussi pourrie que ce que j’avais vu sur l’écran, j’ai tout de même été déçu de comprendre que King lui-même avait renié son travail. Et voir Spielberg associé à cette trahison honteuse est peut-être encore plus déroutant.
Il n’y a qu’un seul Dôme et c’est le roman.

Pendant très longtemps, je n’ai pu lire autre chose que King, ne trouvant mon compte nulle part. Si les choses ont changé, King reste et restera indétrônable. C’est définitivement mon auteur préféré.




samedi 21 janvier 2017

Ce Cher Dexter (Jeff Lindsay)

Ce Cher Dexter (Jeff Lindsay)


Dexter est un serial killer. Dexter est aussi expert en analyse de sang pour la police de Miami. Deux jobs qui le mettent en danger lorsque l’on découvre des corps démembrés et parfaitement nets, sans aucune goutte de sang. Car Dexter le sait : ce tueur d’un nouveau genre cherche à lui dire quelque chose…

Connaissant la série que je trouve remarquable, au moins jusqu’à sa saison 6, le roman s’ouvre sur la traque de ce Tueur de Glace. Mais à mi-parcours, c’est un tout autre récit que l’on découvre, bien différent de celui de la série, avec une toute autre fin.

Ce n’est cependant pas la seule différence. Pour une fois, l’adaptation de Dexter est bien au dessus de l’œuvre originale.

Les personnages ne sont pas très présents et donc encore moins fouillés ici. Dexter n’a que très peu d’interaction avec eux. Angel est quasi inexistant et Doakes n’est qu’un prétexte à dire que quelqu’un veut être l’ennemi de Dexter, sans que l’on sache réellement pourquoi ce flic à une dent contre l’expert.
La relation Dexter/Rita est superficielle. Le seul personnage secondaire un peu plus présent est Vince Masuoka, sans pour autant rendre gloire à son humour déplacé et salace.

Qu’en est-il de Débra ? Déborah ? Deb ? Sa mine renfrognée fout le cafard tout au long des pages. Coincée, elle ne peut rien faire sans son cher Dexter. Et d’ailleurs, il en va de même pour la plupart des flics de Miami. Jeff Lindsay montre la puissance de déduction de son personnage principal de deux façons différentes : une par un pouvoir quasi surnaturel de Dexter de sentir les choses. Deux, par la niaiserie des flics qui l’entourent. Mis à part Angel que l’on ne voit pas ou même Vince, Deb est incapable de réfléchir. Il faut toujours qu’elle s’énerve après son frère pour que celui-ci lui donne les clés de l’énigme.

Quant à LaGuerta, si sa propension aux manœuvres politiques est bien démontrée, l’auteur nous la décrit sans arrêt comme le pire inspecteur de la planète. Limite débile mentale, elle parvient tout de même à tout comprendre en deux pages !

Des personnages très peu intelligents donc, juste de quoi faire savoir que Dexter n’est pas tout seul dans son roman. Serait-ce une erreur de débutant que de ne réfléchir à son seul personnage principal, sans lui donner une seule valeur grâce aux personnages secondaires ou est-ce tout simplement l’incapacité de l’auteur à vouloir explorer tout ce qui doit forger un être humain ? Propos qui, je le rappelle, est la base même du personnage de Dexter qui cherche à se fondre dans la masse en observant son prochain.

Ce Cher Dexter est peut-être assez bien écrit. Il se lit relativement vite. Cependant, il est loin d’être abouti et j’ai senti une fin bâclée ; sans parler des nombreuses fois où l’auteur tourne en rond, se répétant (le chapitre où Dexter fait le tour de son appartement pour se rendre compte que quelqu’un a pénétré son antre mais n’a rien volé et rien déplacé, est tout simplement un supplice), rabâchant sans arrêt que son personnage comprend tout et ne comprend rien à la fois. Ces longueurs accentuent le côté expéditif de certains passages qui tombent comme un cheveu sur la soupe. Tout cela rendant la lecture parfois ennuyeuse et brouillonne.

On reste dans la tête de Dexter, sur un récit à la première personne. Et si le monstre nous livre ses impressions sur les gens normaux (comme ça, une fois de temps en temps), on le trouve largement plus antipathique que dans la série. Plus froid, moins intéressé et moins intéressant, on le suit sans vraiment savoir où l’on va. L’intrigue n’a ici que peu d’intérêt à cause de ces personnages sans volume, sans aucune valeur.

Même si ce premier tome ne m’empêchera pas de continuer mon aventure, il est très loin de m’avoir convaincu.

lundi 16 janvier 2017

La Huitième Couleur (Terry Pratchett)

La Huitième Couleur (Terry Pratchett)


Le Disque-Monde repose sur quatre éléphants en équilibre sur une tortue géante, A’Tuin. Un univers fait de magie, de barbares, de voleurs, de divinités et de tout un tas d’autres univers hétéroclites. Au milieu de ce joli foutoir, il y a Rincevent, mage raté renvoyé de son Université pour avoir ouvert le grimoire qu’il ne fallait pas à la suite d’un pari. Il rencontre DeuxFleurs, un touriste accompagné d’une étrange malle qui se déplace toute seule et seule gardienne de ses effets. La mission de Rincevent est simple : permettre à DeuxFleurs de visiter le Disque-Monde. Mais dans ce monde étrange, il n’y a pas pire calamité qu’un touriste…

On cerne immédiatement le genre : de la Fantasy complètement délirante. Si la lecture semble parfois un peu confuse et brouillonne, il y a un principe récurent dans ce premier tome des Annales du Disque-Monde : celui de partir dans tous les sens, faisant rebondir l’action mais sortant complètement le lecteur de sa lecture pour l’envoyer se balader dans des concepts physiques, astronomiques et métaphysiques tout aussi délirants.

Le premier de ces concepts est la Mort qui en bave à traquer le mage déchu, lui proposant maints plans pour en terminer ou attendant simplement qu’il se fasse dévorer par les loups.
L’ambiance est bon enfant, délirante, délurée, et peut partir dans tous les sens, quitter le Disque-Monde pour entrer dans notre univers le temps d’un paragraphe, repartir de plus belle… un voyage initiatique où notre mage peureux et paresseux ne comptera que sur sa chance absolument incroyable pour s’en sortir.

À travers 4 parties, Rincevent nous entraîne dans cet univers, nous faisant découvrir une pléthore de créatures et de personnages tous aussi loufoques les uns que les autres.

Qu’on se le dise, La Huitième Couleur est une franche rigolade pas toujours très claire, mais qui permet avant tout de décompresser et surtout de rire.

mardi 10 janvier 2017

In Tenebris (Maxime Chattam)

In Tenebris (Maxime Chattam)


Une femme, hystérique et entièrement nue, est retrouvée dans les rues de New York en plein hiver avec, à la main, un scalp. Très vite, les autorités comprennent que cette femme n’est pas la seule victime d’un nouveau genre de tueurs. Avec cette enquête, il est possible qu’Annabelle, assistée en secret par Joshua Brolin, ouvre les portes de l’enfer…

Deuxième tome de la trilogie du mal, le livre s’ouvre, comme il se doit avec un évènement qui semble n’avoir aucun rapport avec tout le reste. Il faut, comme d’habitude, attendre la toute fin pour raccrocher tous les wagons.

J’avais cependant un peu peur de relire un Âme du Mal qui déjà m’avait fait penser à Léviatemps ou encore le Requiem des Abysses (oui, je n’ai pas lu les œuvres de Chattam dans l’ordre). D’ailleurs, au-delà de retrouver les mêmes principes, ce qui en soit est entendu et attendu, il y a quelques particularités que l’on retrouve dans le déroulement de l’enquête, comme faisant écho au premier tome.

Ceci étant, In Tenebris offre son lot de surprises et nous entraîne dans un univers encore plus sombre et sordide. Au fur et à mesure de la lecture, prenant conscience de ce qui se passe, on en vient à avoir peur de lire ce dénouement qui ne laisse aucune ambiguïté.

Chattam sonde ce qu’il y a de plus sinistre en l’être humain et dévoile une noirceur jusque là inégalée. Menée tambour battant, l’enquête rebondit sans cesse, parsemant ici ou là quelques surprises de taille et gardant le suspense intacte jusque dans les derniers chapitres où tout s’emballe.

Outre son histoire, l’auteur décrit New York dans un climat hivernal qui ne manque pas de rendre l’atmosphère encore plus lourde et malsaine. Le froid et la neige s’invite donc auprès du lecteur pris dans la tourmente.
Son héros, Joshua Brolin, qui refait ici surface, n’est plus le même personnage que dans le premier volume. Sans entrer dans les détails de ce qui l’a amené à évoluer, Chattam fait confiance à son lecteur pour lire ce qui se passe dans son Âme du Mal mais ne nous perd pas pour autant avec des détails incompréhensibles si jamais nous n’avons pas lu ce premier tome. Les romans se lisent indépendamment les uns des autres mais il est intéressant de voir l’évolution de cette âme torturée qu’est Brolin. À noter tout de même qu’en fin de volume, Chattam se permet d’annoncer le retour prochain de son héros.

Une nouvelle enquête plus sombre que la précédente, un rythme enlevé, sans temps morts, des personnages intéressants qui ne s’en sortent jamais indemnes, un propos redoutable d’efficacité, une critique de la société sans concession, c’est tout In Tenebris. Une lecture rapide et prenante, comme souvent chez Chattam. Malgré cette peur de la redite, je suis heureux de voir que l’auteur a su sortir de la facilité et nous offrir un excellent roman, marquant et immersif.