mercredi 28 décembre 2016

Maîtres du jeu - Nouvelles (Karine Giebel)

Maître du jeu - Nouvelles (Karine Giebel)


            Post Mortem
            Morgane, une actrice à succès, se voit conviée par maître Sevilla à assister à la    lecture du testament d’un homme qu’elle n’a jamais vu. Elle hérite d’une maison où lui est promis un autre cadeau sans précédent...

Dans cette première nouvelle, Karine Giebel s’amuse avec son lecteur, l’entraînant sur une piste pour mieux le gruger. Dépeignant des personnages sombres, antipathiques, on en vient tout de même à s’inquiéter pour eux, basculant sans cesse entre le jugement pur et simple les condamnant et la rédemption.
Cette position inconfortable ne nous lâche pas tout du long des 67 pages que compte le récit, accentuant ainsi le côté malsain de l’histoire. Mais il faut attendre les toutes dernières lignes pour comprendre toute l’ampleur de l’horreur de cette histoire.

On sent tout de même que certains passages méritent d’être un peu plus approfondis et que son auteure s’est sûrement réfrénée à ne pas entrer dans plus de détails qu’il n’en fallait. Il subsiste cependant une incohérence qui, certes, enlèverait tout le plaisir sordide de cette lecture et contrarierait la révélation finale, mais il n’empêche qu’elle est là et que je n’ai pu cesser d’y penser, sans remettre en question la qualité de l’écriture.

            J’aime votre peur
            Yann Dumonthier reçoit un coup de fil qu’il n’aurait jamais voulu recevoir : Maxime Hénot, un dangereux psychopathe et violeur s’est échappé de l’hôpital psychiatrique où il était enfermé depuis six ans...

Dans cette seconde nouvelle, on suit un psychopathe et encore une fois, Karine Giebel prend un malin plaisir à emmener le lecteur sur de fausses pistes, le rendant presque pire que son personnage aux réactions imprévisibles.

Si l’histoire est moins surprenante, avec moins de rebondissements que la précédente, elle n’en reste pas moins haletante, avec son lot de sueur froide et de surprises. Peut-être plus aboutie que la précédente, cette nouvelle est d’un tout autre genre, d’un tout autre ton même si l’auteure surfe toujours sur le sordide, avec des esprits troublés, dérangés, et cette envie de sonder tout ce que l’être a de plus macabre en lui. Sans oublier cette faculté d’amener le lecteur dans des pensées morbides pour mieux le piéger.

À note que chaque récit est écrit au présent ; pour ma part, c’est inhabituel et pas toujours facile à appréhender.

dimanche 25 décembre 2016

Cycle Elric, tome 2 - La Forteresse de la Perle (Michael Moorcock)

Cycle Elric, tome 2 - La Forteresse de la Perle (Michael Moorcock)


Elric parvient à une cité dans le désert, à bout de force, à la limite de mourir. Un membre du conseil administrant cette cité lui propose un élixir pour reprendre des forces. Mais Elric se fait duper. Pour sauver sa vie, il va devoir atteindre la Forteresse de la Perle et ramener un joyau dépassant toutes les richesses jamais imaginées. Seulement, il comprendra très vite que cette forteresse, dont on parle comme d’une légende, est enfouie dans les rêves d’une jeune fille plongée dans le coma...

Emprunt de grandes philosophies, Moorcock nous entraîne cette fois-ci dans le plus pure imaginaire où son héros albinos et malade va devoir se dépasser pour en revenir sain et sauf.

De ce voyage initiatique, Elric en tire de nombreux concepts forgeant un peu plus son esprit, l’ouvrant vers d’autres horizons et par la même occasion, le tiraillant en tous sens puisque sa nature même est de servir le Chaos.

Toujours écrit de manière très poétique et d’une écriture assez lourde, le roman, encore une fois relativement court, nous plonge dans un univers à part, complètement différent du premier tome. Les peuples orientaux sont à l’honneur ici. Rapidement, la force est mise de côté pour un mal plus machiavélique encore : la sournoiserie.

Mais la nature même d’Elric n’attend que d’être libérée pour s’adonner à la plus violente des vengeances. Sans non plus d’effusion de sang et de longues descriptions horrifiques, Moorcock décrit son héros torturé comme un barbare qui, s’il ne prend pas plaisir à tuer, ne s’en prive pas non plus, afin d’alimenter son épée maléfique.

Sans être très inquiet de ce qui peut arriver à l’Empereur albinos durant son périple, on se concentre sur les différents préceptes spirituels lancés tout du long, permettant ainsi à Elric d’évoluer un tant soit peu avant son retour dans sa cité.

Si le livre tient sa part de description de lieux ou de personnages, le récit reste dynamique, rebondissant sans cesse mais sans être complètement épique, mis à part sur sa toute fin, où l’on sent tout de même un Moorcock désireux d’en terminer au plus vite pour mieux passer à la suite.

S’il est quelque chose d’assez agaçant à retenir de cette lecture, c’est le nombre incroyable d’utilisation de l’expression « un pli lui barra le front » qui finit par lasser et semble nous avertir que l’auteur commence à tourner en rond. Il faut avouer que l’histoire se déroule toujours de la même manière sans pour autant blaser et laissant la place à ces divers rebondissements.

Certainement moins séduit que sur le premier tome, j’ai pris quand même beaucoup de plaisir à retrouver ce héros atypique que je compte bien suivre dans les 7 récits me restant à parcourir.

lundi 19 décembre 2016

22/11/63 (Stephen King)

22/11/63 (Stephen King)


Jake Epping, professeur dans un lycée, se voit l’opportunité de revenir en 1958 et de sauver la vie de John F. Kennedy en contrecarrant les plans de Lee Harvey Oswald...

Avec King, j’ai souvent du mal à être objectif. Il nous sert ici non plus un pavé mais carrément un parpaing difficilement transportable partout. Ceci dit, la lecture est facile et on plonge complètement dans cette histoire démente dès les premières pages.

L’auteur prend alors tout son temps pour raconter son petit délire, installer le suspense et, personnellement, j’ai trouvé la partie tant attendue où son héros rencontre enfin Lee Harvey Oswald la moins passionnante, voire la moins aboutie.

Car on va très vite comprendre que le plus palpitant dans ce livre n’est pas tant cette fameuse journée funeste dans l’Histoire américaine, mais plutôt tout ce qui va se passer avant et le peu qui se passe ensuite.

Sur un récit à la première personne, qui d’emblée nous annonce la fin sans surprise, du moins en partie, nous voyageons avec le héros dans une époque révolue. Avec la crise économique qui secoue le monde actuel, cet écho du passé est tout simplement déchirant. King parvient cependant à nous installer confortablement dans cette période étrange où la liberté et les mentalités étaient autres et côtoyaient la ségrégation et la violence, entre autre. Les différents conflits qui secouent le monde d’alors ne sont pas laissés de côté et il faudra tout de même de solides connaissances historiques et/ou de culture générale pour combler quelques vides. Parce que King ne s’improvise pas professeur d’Histoire et ne va donc pas nous faire un cour magistral et pompeux pour nous expliquer dans le détail la crise des missiles à Cuba, le désastre de la Baie des Cochons, ni même ce qui s’est passé exactement le 22/11/63. À chaque fois, nous vivons les évènements d’un regard extérieur et il ne tient qu’à nous et nos connaissances pour combler quelques vides ; et parfois, ces connaissances peuvent s’avérer cruciales pour bien tout saisir.

En ce qui concerne la journée du 22/11/63, King prend le parti pris de la théorie du tireur isolé. Oswald est donc le seul assassin. Est-ce pour simplifier la vie à son héros (et par extension son histoire) ou simplement par conviction ? Nous ne le saurons que dans la postface mais j’ai quand même eu beaucoup de mal avec cette fameuse thèse dans la mesure où King lui-même vient appuyer les différents rapports attestant que Oswald était loin, voire très loin, d’être un tireur d’élite. Comment un branque pareil a-t-il pu tirer trois balles dans le dos d’une personne aussi loin et en mouvement et surtout comment peut-on admettre qu’il ait pu toucher le président de face ? Je n’arrive pas à saisir comment on peut être aussi obtus vis à vis des preuves irréfutables (vidéo à l’appui) sur la présence d’autres tireurs sur le site. Parce qu’il faut être sacrément bon pour tirer de face tout en étant dans le dos de sa cible. Sans aller jusqu’à défendre la théorie du complot (qui peut aussi tenir la route, après tout, pourquoi pas ?), comment peut-on évincer si rapidement cette hypothèse avancée par Jim Garrison en contre expertise du rapport de la commission Warren ?
À mon sens, King fait une lourde erreur en se lançant dans cette histoire aussi palpitante que casse-gueule et en ne prenant en compte toutes les théories.

Ceci étant, comme dit plus haut et paradoxalement, ce n’est pas cette partie là, pourtant haletante, qui m’aura le plus intéressé mais tout ce qui se prépare avant : la vie de Jake Epping, alias George Amberson, dans les années 50 et 60. Sur fond de rock, Jake/George joue les justiciers en sauvant des vies et croise bon nombre de références à l’oeuvre de King, comme Christine ou encore Ça (à travers une simple histoire d’enfants disparus donc un qui a eu le bras arraché).

Comme je l’ai signalé, vu que le récit est à la première personne, il ne fait aucun doute sur le final. Du moins en partie parce que c’est sans compter sur King pour faire un dernier revirement qui n’épargne pas son héros.
Il va sans dire qu’il montrera les désastres que peuvent provoquer ces fantasmes de vouloir changer le passé pour améliorer son présent.

L’idée est folle mais redoutable. Encore une fois King fait mouche mais autant être prévenu : 22/11/63 ne se lit pas n’importe quand et certainement pas comme première lecture de Stephen King, comme une découverte de ce monstre de la littérature contemporaine. Il faut connaître l’auteur et son oeuvre pour en apprécier toute la magie et accepter que certains passages, aussi lourds soient-ils à lire, vont servir un tant soit peu dans l’histoire. Car comme ne cesse de le dire King, tout s’harmonise tout le temps et l’histoire se répète sans cesse.

Maintenant, j'aimerai aborder un point qui n'a rien à voir avec l'auteur mais avec l'éditeur, Albin Michel. Vu le prix d'un livre de cette taille, il est inadmissible de trouver un nombre incroyable de fautes de frappe et de mots manquant, avec parfois des phrases qui ne veulent rien dire ! C'est une honte de se prétendre grand éditeur et proposer un produit aussi mal abouti. C'est irrespectueux envers le client et le lecteur.

lundi 5 décembre 2016

X-Files, tome 1 : Nous ne Sommes pas Seuls (L.S. Martin)

X-Files, tome 1 : Nous ne Sommes pas Seuls (L.S. Martin)


L’agent Dana Scully se voit offrir un poste dans un département du FBI que l’on cherche à faire oublier. Sa mission est de rapporter tous les faits et gestes de celui qui va devenir son partenaire : l’agent Fox Mulder, aux idées pour le moins surprenantes. Cartésienne, Scully va se rendre compte que le travail de Mulder n’est pas si dénué d’intérêt que cela, même lorsqu’ils partent enquêter sur de mystérieuses disparitions qui ont tout l’air d’être en réalité des enlèvements extraterrestres ; ce que refuse de cautionner Scully. C’est sans compter sur les innombrables phénomènes étranges dont elle va être le témoin…

Petit roman d’à peine 125 pages, il s’agit là de la première novellisation des épisodes de la série culte X-Files.

Bien entendu que l’auteur ne s’embarrasse pas avec les détails et va droit au but pour rendre hommage au dynamisme de la série et à ses dialogues cultes. Entre les sempiternelles tirades de Mulder et Scully qui ne cherchent qu’à se contre carrer les idées l’un l’autre, le tandem marche aussi bien à l’écran que sur le papier, même si l’auteur aurait pu être encore plus fidèle en évitant certains passages propres aux personnages principaux. Ainsi Scully a un petit-ami. Passage obligé pour faire croire à une vie privée, ce que la série avait soigneusement évité pour décrire un personnage fort de caractère et complètement original.

Quant à Mulder, il passe le plus souvent pour un clown, toujours à rigoler, avec un sourire benêt et avec des attitudes surjouées. À la longue, c’est tout de même lassant.
L’enquête reprend bien tous les éléments et la progression de l’épisode, se permet même d’éviter quelques écarts, dans le but de ne pas dépasser ces fameuses 125 pages requises. Parfois survolée, l’histoire reste tout de même agréable à lire. Mais si, comme moi, on est fan des X-Files, le cerveau comble lui-même les manques pour ne plus être aussi objectif sur cette lecture.

Bon aller, je ne boude pas mon plaisir à retrouver Mulder et Scully à travers ces novellisations. Malgré ces défauts, cette lecture est plus un temps de pause qu’une véritable découverte. Nostalgie extraterrestre quand tu nous tiens…

jeudi 1 décembre 2016

Séquestrée (Chevy Stevens)

Séquestrée (Chevy Stevens)


Annie est agent immobilier. Alors qu’elle fait visiter une maison, elle se fait enlever par son client qui l’enferme dans une cabane, elle ne sait où. Commence pour elle un long calvaire…

Mon premier Chevy Stevens et c’est une véritable révélation. L’auteure place déjà le lecteur dans une position très peu confortable, le rendant responsable de tout ce qu’il va lire par la suite : celle du psy de cette femme ayant vécu l’enfer.

Sur un récit à la première personne, Annie va nous expliquer comment un caractère aussi fort que le sien va plonger dans la soumission. Au-delà de la torture psychologique où le personnage ne peut que ressortir brisé, un enchaînement de violence viendra se rajouter à une ambiance déjà très lourde.

Pour le lecteur, il n’y a aucune échappatoire, aucun moyen de respirer ou de se dire qu’il y a toujours un espoir. On aimerait pouvoir entrer dans le livre et tendre la main à cette femme qui a vécu un supplice. On aimerait en finir nous-mêmes avec celui qu’elle appelle « Le Monstre ».

À mi-parcours, Stevens relance son intrigue et nous présente le quotidien de la victime, toujours écrit à la première personne. Mais la tension n’en est pas moins lourde. Condamnée à sombrer, on approche lentement du dénouement que l’on pressentait depuis pas mal de pages. Du moins, je l’ai pressenti. Mais cela n’enlève rien à la puissance de ce récit dans la mesure où l’on est plus focalisé par le traumatisme que nous fait vivre le personnage principal. Car ce n’est pas juste une lecture d’un moment atroce : on vit avec elle ce qu’elle a pu subir.

Très bien écrit, puissant, bouleversant, s’il y avait un seul reproche à faire à ce livre, c’est la façon répétitive dont commence chaque chapitre : « aujourd’hui, j’ai fait ça, docteur ». Certes, j’ai beaucoup aimé tous ces détails de la vie quotidienne, aussi anodins que primordiaux pour rendre le récit authentique mais ces débuts de chapitre sont souvent les mêmes, sauf sur la fin où forcément, ça bouge encore plus.

Sans cela, Séquestrée est un excellent thriller qui nous entraîne aussi bien dans la tête d’un taré que dans celle de sa victime. À lire absolument !